Il est l’heure de parler de la photo de guerre
La photojournalisme représente une manière de montrer au monde les événements dramatiques qui se produisent chaque jour. Cependant, depuis quelques années, le débat autour la sensibilité et l’impact de la photo de guerre est de plus en plus présent. Cette année, le World Press Photo a pris une décision inédite pour son livre annuel en choisissant de ne pas afficher la Photo de l’Année sur la couverture. Une situation qui interroge l’ensemble des acteurs du monde de la photographie.
Une décision inattendue
L’édition 2023 du concours World Press Photo a pris une décision inattendue en choisissant de ne pas utiliser l’image lauréate du prix de la Photo de l’année pour la couverture de son livre annuel. Cette photo, prise par le photographe ukrainien Evgeniy Maloletka, encore connue sous le nom d’image tristement célèbre, représente Irina Kalinina, une femme enceinte de 32 ans blessée lors d’un bombardement russe sur un hôpital. Les organisateurs ont justifié leur décision en mentionnant la diffusion de leur livre dans les boutiques de cadeaux des musées et les librairies. La Photo de l’Année était donc trop explicite pour figurer en couverture. C’est une position consciente pour montrer notre respect envers les victimes et notre colère contre la perte inhumaine de vies.
Deux images pour la couverture
Une photo du photographe iranien Ahmad Halabisaz a donc été sélectionnée pour figurer en couverture du livre World Press Photo 2023. Elle montre une jeune femme à Téhéran habillée à l’occidentale et défie ainsi la loi iranienne. Selon les organisateurs, ces images, bien que différentes, documentent toutes les deux l’injuste situation que traverse chaque jour leur peuple.
Une tendance croissante
Marika Cukrowski, curatrice du World Press Photo, souligne que ce choix s’inscrit dans une tendance générale observée au cours des cinq dernières années de ne pas utiliser d’images explicites dans un contexte commercial ou promotionnel. Pour autant, ce choix ne fait pas l’unanimité. Certains photojournalistes estiment que ne pas montrer d’images explicites contribue à masquer la réalité de la situation.
Charivari dans le monde de la photographie
La décision prise cette année est une rupture de tradition pour le World Press Photo. Toutefois, ce n’est pas le premier fois que l’organisation choisit de ne pas mettre la Photo de l’Année en couverture de son livre annuel. Cette décision soulève des questions pertinentes sur l’avenir du photojournalisme : comment les histoires visuelles seront-elles sélectionnées et présentées dans un monde de plus en plus conscient de l’impact de l’image ? Autant de questions cruciales auxquelles les acteurs du monde de la photographie devront répondre dans les années à venir.
Le livre World Press Photo Yearbook 2023
Le livre World Press Photo Yearbook 2023 est disponible à la vente au prix de 29,50 € en librairie. Les photographes souhaitant concourir au World Press Photo 2024 ont jusqu’au 11 janvier 2024 pour participer.
Mon avis sur la question
En tant que photographe professionnelle, je pense que cette décision est importante. En effet, la photographie prise par Evgeniy Maloletka est très dure et montre le véritable visage de la souffrance humaine. Cependant, la photographie d’Ahamd Halabisaz montre également une réalité importante qui est celle de la lutte pour les droits fondamentaux de la Femme. Les deux photos documentent des situations critiques et il est important de les voir toutes les deux. Cela peut contribuer à élargir la perspective de ceux qui les regardent. Toutefois, il est également essentiel de considérer la sensibilité de chaque personne lorsqu’on choisit des images aussi dures et explicites.